Andjela Pendic

Novembre

je marche à travers la douleur comme à travers l’automne

je pose des feuilles en guise de pansement sur des mots enflammés.

je suis soulagée que tu ne sois pas là éternellement,

ou peut-être que si, mais en silence.

je ne souhaite ni l’un ni l’autre.

la terre automnale l’accueille tendrement,

sa fugacité peut absorber toute lumière

qui, trompée, tombe en morceaux.

l’un prononce toujours le mot final à la place de l’autre,

dont le sien reste coincé dans la gorge,

bien qu’il sache à quel prix il gagne sa libération :

chaque mot aura désormais une double ombre,

et jusqu’à ce qu’une finitude, connue de son propre corps,

le quitte, il devra les réconcilier et les séparer.

ainsi, le soleil peut donner une nouvelle vie

aux ruines communes,

une vie de l’endroit

où nous venons en pèlerinage,

à la recherche d’un amour affranchi

de la langue, du temps et du sommeil.

Traduit du serbe par William Viskovic

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :