
Photo : Danilo Mataruga
LA CHUTE D’ICARE (Ikarov pad)
Trente-cinq ans
et aucune trace de Milutin.
Il est descendu jusqu’à la rivière
est resté brièvement assis sur une barque
a fumé une cigarette
et la moitié d’une autre.
Le même jour
grand-père a trouvé un sac à dos
et des journaux jaunis par le soleil.
Des esquisses d’oiseaux
dessinées au crayon sur les bords
et en gras surligné la question
où voyagez-vous ?
Chaque année
grand-père encense la maison
à l’occasion de notre Slava
Nous nous tenons debout
et prions avec lui
saint Nicolas
pour les voyageurs,
échoués
et perdus.
Quand il se signe,
il regarde furtivement la porte.
Jusqu’à tard le soir,
il ôte les minuscules arêtes d’un poisson.
Et lorsque l’oiseau de pendule
annonce le passage d’une heure,
il pousse un lourd soupir.
Nous, nous ne faisons pas attention aux arêtes,
nous les accumulons dans nos gorges.
Depuis trente-cinq ans.
Traduit du serbe par Teodora Grujic et Zivko Vlahovic