
résistance
je pense souvent à la mort
plus que lors d’un enterrement
j’y observe attentivement les pierres tombales
je lis les épitaphes et révise mes maths
je soustrais de droite à gauche
des nombres à quatre chiffres
j’observe les styles vestimentaires
le mascara et les cheveux propres
de la fille du défunt m’apaisent
j’imagine le fils
nu et beau comme un dieu
baisant sa femme
derrière mes lunettes noires je détourne le regard
lassé des longs discours
sur la vie du défunt
je cherche le regard des membres de la famille
pour voir s’ils le détournent aussi
lorsque résonne l’écho creux des éloges
je me demande
l’heure qu’il est
jamais autant qu’aux funérailles
cette question me taraude
et lorsque je rentre chez moi
la vie ressemble à un havre de paix
et les pensées sur la mort
commencent à s’approcher à pas prudents
je la devine surtout dans les battements de mon cœur
aucune trace d’elle aux funérailles
ou dans les cimetières
là où tout grouille de vie
Traduit du serbe par Marija Jovicic et Zivko Vlahovic