
Photo : Aleksandar Gabona
ROUTE POUR AGAPÉ (Put za Agape)
Nos histoires se sont croisées
Alors que tu étais en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle,
Moi, en route pour Katmandou
Au mois qui comptait trente et un samedis
Ainsi, cela ne pouvait être le fruit du hasard.
Tu aurais pu être un poète ordinaire,
Toi, le dernier d’une lignée de chevaliers renégats,
Moi, une de ces créatures arrogantes,
Qui sous une voix et un visage d’ange,
Cachent une âme défaillante et l’égoïsme d’un enfant.
Mais ce samedi, nous avons pris la route pour Agapé ensemble.
Nous, des pèlerins esseulés.
Toi, car l’épée que tu cherchais, sans pourtant la quitter un seul
instant, était terrible,
Inutilisée,
Moi, car le tremblement de terre avait depuis fort longtemps
ravagé la vieille ville de Katmandou.
Et il n’a pas été difficile d’admettre notre folie.
Tu m’as parlé de moulins à vent,
Avec nos épées nous avons transpercé des tonneaux de vin
Pensant qu’il s’agissait de colosses.
Je t’ai parlé des ténèbres, du doux visage de la mort,
D’un Hollandais volant,
Et des différents chemins menant à la liberté.
Mais nous étions sur la bonne voie
Et nous ne nous sommes jamais égarés.
Car nous avions l’un dans l’autre
Reconnu le visage d’Agapé.
Dieu nous avait fait don d’un miracle.
Et jusqu’à la fin des temps
Chaque semaine
A toujours compté
Sept samedis
Traduit du bosniaque par Zivko Vlahovic